Entrer dans un musée ne consiste plus seulement à contempler des œuvres en silence. Depuis quelques années, les institutions rivalisent d’inventivité pour stimuler non seulement la vue, mais aussi l’ouïe, l’odorat, parfois même le toucher et le goût. Le musée se vit désormais comme une expérience sensorielle globale, presque immersive, où le visiteur ne se contente plus de regarder : il ressent.
Quand l’expérience sensorielle au musée travaille les cinq sens…
A Bordeaux, la Cité du Vin joue sur cette dimension sensorielle en proposant des parcours olfactifs. Entre deux verres virtuels, le visiteur plonge son nez dans des arômes de fruits, d’épices ou de bois, découvrant que comprendre le vin, c’est d’abord apprendre à le sentir. A Grasse, le musée international de la Parfumerie propose une autre forme de voyage : flacons précieux à admirer, bien sûr, mais surtout senteurs à tester, matières premières à effleurer. Là, l’odorat devient la cé de voûte d’une mémoire intime et collective.
Dans un registre plus artistique, certaines expositions temporaires osent convoquer le sonore. Le musée d’Orsay, par exemple, associe parfois la musique de l’époque aux toiles impressionnistes ! Debussy et Monet dialoguent, et le visiteur se fait transporter dans un univers qui dépasse le regard.
D’autres lieux explorent la dimension tactile, comme le musée du Quai Branly-Jacques Chirac, qui propose des dispositifs spécifiques pour le public malvoyant,x permettant de caresser des reproductions de sculptures.
Au-delà de l’effet spectaculaire, cette approche sensorielle poursuit un objectif clair : replacer le corps au centre de la rencontre avec l’art. Là où les musées étaient autrefois aperçus comme austères et intimidants, ils cherchent aujourd’hui à créer de l’émotion. Et plus encore, à inviter chacun à se reconnecter à ses sensations. C’est une manière subtile de rendre l’art plus accessible, mais aussi plus mémorable : ce que l’on touche, sent ou entend, on ne l’oublie pas.
Le musée à expérience sensorielle, en somme, ne se contente pas d’exposer : il raconte une histoire qui s’adresse à l’ensemble de nos sens. et c’est peut-être là son plus grand luxe- transformer la visite en une expérience intime, presque charnelle, qui nous accompagne bien après avoir franchi les portes.