Mercredi 1er octobre, Antonella Zedda a pris ses fonctions de directrice générale et artistique de l’Opéra de Dijon. Elle succède à Dominique Pitoiset. Rencontre avec celle qui a plus d’un projet pour cette belle maison !
Tout d’abord, que représente pour vous ce nouveau challenge à la tête de l’Opéra de Dijon ? Une femme à la tête d’un opéra, il y en a encore peu en France, derrière votre nomination, est-ce aussi un signal fort envoyé en ce sens ?
A.Z : « Je suis à la fois honorée et fière de pouvoir porter et servir les futurs projets de cette institution culturelle. C’est une étape très importante de ma vie professionnelle. Je ne pense pas avoir été choisie en tant que « femme » mais je suis ravie de voir que nous sommes enfin un peu plus nombreuses à prendre la tête d’établissements de ce type ».
Quels sont les axes de votre future stratégie ?
A.Z : « Plus que des axes, je parlerais de mots clés. D’abord, exigence et qualité artistique. Ensuite, patrimoine et création. Avec les deux salles que sont l’Auditorium et le Grand Théâtre, il y a la possibilité formidable de travailler sur une programmation pluridisciplinaire et lyrique de haut niveau, allant des œuvres du grand répertoire baroque, classique et romantique jusqu’à la création contemporaine. Synergie et co-production sont aussi très importantes pour moi.
Je souhaite créer des liens forts et durables avec les acteurs culturels locaux ainsi que de nouvelles passerelles avec d’autres institutions comme la nôtre. Enfin, la jeunesse est un axe fort : l’opéra, la musique, la danse, tous ces arts sont le fondement d’un patrimoine très riche qu’il faut absolument transmettre aux plus jeunes. Et cela peut se faire à l’aide d’ateliers thématiques comme ceux que nous organisons autour de la création des costumes ou des décors, de concerts ciblés pour la petite enfance, d’ateliers de pratique vocale… ».
Quels sont les grands temps forts de la programmation actuelle ?
A.Z : « En novembre, nous accueillons plusieurs temps forts, dont la production de deux œuvres véristes, Cavalleria rusticana & Pagliacci sous la direction musicale de Débora Waldman et dans une mise en scène de Silvia Paoli. En coproduction avec les Opéras de Montpellier et de Toulon, avec l’Orchestre Dijon Bourgogne, les Chœurs de l’Opéra de Dijon, de l’Opéra de Montpellier et la Maîtrise de Dijon. Nous aurons aussi Les Contes de Perrault pour découvrir Félix Fourdrain dans une mise en scène de Valérie Lesort, le Stabat Mater, master-piece de Giovanni Battista Pergolesi, sous la direction musicale d’Emmanuelle Haïm. J’ajoute le 7 décembre l’Orchestre Français des Jeunes dirigé par Kristiina Poska et le 11 décembre, le Magnificat de Bach sous la direction musicale de Vincent Dumestre… »
Quels seront ceux de la prochaine programmation et le fil rouge que vous avez choisi ?
A.Z : « Plus tard dans cette saison je dirais La Bohème de Puccini au printemps 2026, du folk-rock avec Souad Massi, Don Giovanni de Mozart sous la direction musicale de Katharina Müllner et avec une mise en scène signée Agnès Jaoui ! Les spectacles de danse avec le Ballet de l’Opéra de Lyon, le Nederlands Dans Theater et le Ballet Preljocaj. Les saisons suivantes, la programmation sera pluridisciplinaire et éclectique avec ce souhait d’attirer tous les publics et toutes les générations. Les formats différents (ateliers, concerts, œuvres de médiation) permettent d’ailleurs déjà cela. Je souhaite également enrichir la programmation de ciné-concerts et de créations musique-image. Je compte enfin mettre l’accent sur la musique live pour les spectacles dedanse, la création contemporaine et l’offre jeune public. Autant d’actions qui s’inscrivent dans le prolongement des projets mis en œuvre par la direction précédente ».
Quels sont les messages que vous avez envie d’adresser à un public qui aurait « peur » de venir à l’opéra ?
A.Z : « Je leur dirais de ne pas hésiter. L’Opéra de Dijon propose des tarifs très attractifs. On peut découvrir ce lieu patrimonial d’abord avec un format court avant de s’attaquer à une œuvre plus longue. L’opéra, c’est de la magie, des histoires de sentiments, de la vie commune. C’est un univers avec des métiers à découvrir. Il faut simplement être curieux ! »