À travers livres, expositions et coffrets, l’automne culturel met en lumière des figures majeures de l’art et de la création. De Camille Claudel, sculpteure au destin tragique, à Eugène Boudin, précurseur de l’impressionnisme, en passant par le regard naturaliste de Christian Krohg, l’effervescence artistique de la Belle Époque, l’éclat des parures de la Renaissance ou encore l’univers singulier d’Agnès Varda, ces parutions offrent un voyage sensible et érudit au cœur des formes, des couleurs et des vies d’artistes.
Camille Claudel, la destinée sculptée
Enfant, Camille Claudel aime pétrir la glaise et ressent vivement sa vocation d’artiste. A 18 ans, elle rencontre Auguste Rodin, déjà reconnu pour la puissance de ses œuvres comme L’Age d’airain. Elle devient sa muse. « Ma terne existence a flambé dans un feu de joie. Merci, c’est à toi que je dois la part de ciel que j’ai eue dans ma vie » écrira Rodin. Après des années de connivences autant que de drames, Camille est internée et meurt dans un oubli total. Les œuvres qu’elle laisse, telles La Valse, L’Abandon, La Niobide blessée sculptent dans le bronze et le marbre sa douloureuse existence. Très documentées et illustrées, ces pages dégagent des clichés la vie de la sculpteure, replaçant dans sa vérité une femme habitée par sa création.
Camille Claudel, sa vie. Odile Ayral-Clause. Hazan. 35€.
Christian Krohg et les gens de Norvège
Marins, couturières, enfants malades et familles ordinaires, amis proches, Christian Krohg porte sur la société de son temps un regard bienveillant, presque paternel, soucieux de restituer sur la toile les sentiments, les gestes, les lieux de vie et jusqu’aux objets quotidiens. Pas de paysages, seulement des visages. Dans ses tableaux soigneusement cadrés, aux couleurs appuyées et harmonieuses, Krohg évite l’idéalisation, témoigne de sa sincère proximité avec le peuple norvégien et peint le juste instant de leurs existences. Journaliste, écrivain, humaniste, engagé au plan social, marqué par Courbet, Manet et les impressionnistes, il inscrit son œuvre dans le courant naturaliste qui domine la fin du XIXème. Un de ses confrères estimait que chez Krohg, « aimé comme personne d’autre, chaque toile dépassait la précédente ». Un hommage justifié.
Christian Krohg, le peuple du Nord. Servane Dargnies-de Vitry, Hazan. 39€.
Eugène Boudin, maître de l’instant
Il observe, il admire, il contemple surtout. Boudin traduit avec autant de liberté dans les formes que de vérité dans les tons ce qu’il voit, fixe l’instant fugitif en lui donnant une sorte d’immensité et d’éternité. Baudelaire salua ce talent. Du ciel et de la mer, du passage du soleil sur la plage, du vent qui agite les voiles et pousse les nuages, Boudin en artiste soucieux et passionné saisit d’abord la lumière qui leur assure mouvement et densité. La lumière lui suffit pour composer des œuvres qui lui valent le titre souverain de précurseur de l’impressionniste. Réunies dans cet ouvrage, les huiles qu’il exécute sur le motif comme ses feuilles au crayon et à l’aquarelle rendent compte avec finesse et justesse des éléments naturels et des moments de vie captés par l’œil affilé et la main experte du peintre normand.
Eugène Boudin, le père de l’impressionnisme. Laurent Manœuvre (direction). In Fine. 32€.
Les capitales de la Belle Epoque
Durant une trentaine d’années, entre deux guerres qui l’assaillent, l’Europe est irriguée par un vif désir de régénération artistique. Symbolisme, japonisme, les Nabis, Art nouveau, les mouvements se succèdent et se croisent, témoignant de la capacité des artistes à s’affranchir des sujets classiques pour aborder sous d’autres angles et avec d’autres perceptions la nature, l’exotisme, le rêve, le bonheur, la lumière. Montmartre, les ports bretons, le Midi, ils s’inspirent d’autres lieux pour traduire leurs propres visions du réel. Parallèlement à Paris, Bruxelles avec le Cercle des Vingt s’affirme comme le second creuset de l’innovation esthétique. Aquarelles, affiches, pastels, estampes, chaque œuvre offre un foisonnement de couleurs originales et de formes inédites. Aux côtés de Bonnard, Denis, Signac, Redon, de nombreux créateurs moins connus mais doués de grands talents participent à cette ivresse de créativité.
Paris-Bruxelles, 1880-1914, effervescence des visions artistiques. Phillip Dennis Cate, William Saadé. In Fine. 39€
Les parures de la Renaissance, un éblouissement
Partout en Europe, au long du XVIème s., les maîtres orfèvres, rivalisant de virtuosité et d’imagination, ont fabriqué de somptueuses parures. Aux matières les plus rares, ils allient les métaux les plus précieux. Les peintres donnent une juste idée de la beauté de ces joyaux et de l’apparat qu’ils confèrent dans les portraits exécutés pour les rois, les reines et la noblesse. Bagues, chevalières, pendentifs, bracelets, chaque bijou est en soi une véritable œuvre d’art, un délicat condensé de créativité et de savoir-faire conçu dans une recherche esthétique absolue. Cet ouvrage très illustré présente un ensemble magistral de pièces rares et diverses, de la pomme de senteur à la médaille de Ferdinand de Bavière.
D’or et d’éclat, le bijou à la Renaissance. Julie Rohou (direction). In Fine. 45€.
Une nouvelle collection de guides aux éditions L’arbre qui marche
« Premier voyage », des guides d’un genre nouveau pour voyager différemment. La jeune maison d’édition L’Arbre qui marche vient de sortir une nouvelle collection en forme de fictions pour découvrir les villes d’un point de vue romanesque et intime… L’arbre qui marche poursuit ainsi son ambition d’« améliorer le monde en le racontant ». Chaque ouvrage est à dévorer comme un roman. Et, de fait, ce sont des romanciers qui nous guident dans leurs villes de cœur. La littérature permet ainsi de faire un pas de côté pour éclairer notre univers. Autofiction, roman épistolaire, intrigue policière, dans un cadre général standard (130 à 160 pages de narration, cinq itinéraires de visite, une double page d’infographie), le contenu varie selon l’auteur.
Collection Premier Voyage. L’arbre qui marche. 13,90€.
Coffret Varda
Photographe, cinéaste et artiste, Agnès Varda a déployé sur 70 ans une œuvre particulièrement riche. Sa filmographie compte plus de quarante courts et longs métrages parfois fiction, parfois documentaire. Rare femme de sa génération à avoir fait carrière derrière la caméra, elle continue d’inspirer les nouvelles générations de cinéastes. Ce nouveau coffret présente l’intégralité de ses longs métrages de fiction et presque tous ses courts : Le Bonheur, Ulysse, Sans toit ni loi (Lion d’Or à la Mostra de Venise). A voir avant ou après la visite de l’exposition de Varda plasticienne à Rodez.
Coffret Le cinéma d’Agnès Varda. ARTE Editions et Ciné Tamaris. 60€.