Agnès Varda figure majeure du cinéma et de la photographie, s’est illustrée sur le tard dans le domaine des arts plastiques.
De Sète à Paris, des racines méditerranéennes
De Sète où elle a été réfugiée pendant la guerre avec sa mère et ses quatre frères et sœurs et qui fut aussi la patrie de Soulages, Agnès Varda gardait des souvenirs heureux de vacances et d’insouciance. Même après son installation à Paris pour y poursuivre ses études, elle restait fondamentalement attachée au port de Brassens et de Paul Valéry. Elle y revint chaque année fidèlement durant dix étés. C’est là qu’elle rencontra les pêcheurs et les amis qui lui vont lui donner l’idée de réaliser en 1954 son premier film La Pointe courte.
Mais, cette grande petite dame si originale ne pouvait décidément rien faire comme les autres. Lors d’une précédente exposition dans sa ville auprès de cette Méditerranée qu’elle aimait comme elle aimait toutes les mers et tous les océans, elle déclarait :
« Y’ a pas que la mer. J’aime les arbres et les vaches et les villes et les gens qui circulent et les visages et les marchés en plein air et les patates ».
Autoportraits morcelés, installations multicolores, Agnès Varda adorait jouer, découper du papier, raconter et vivre des histoires. On aimerait trouver plus souvent dans l’art contemporain un tel regard goguenard et tendre. Une telle intelligence des êtres et des choses, une telle drôlerie, une telle fraîcheur.
Les trois vies d’Agnès Varda
Cette curieuse-née eut trois vies. Photographe, cinéaste et plasticienne. Et trois villes. Ixelles près de Bruxelles où elle est née en 1928, Sète où elle passa donc la guerre et Paris. À Paris, elle suivit les cours de l’École du Louvre et, le soir, de l’École de Vaugirard en section photographie. Jusqu’à sa mort en 2019, entourée de sa famille, de ses collaborateurs, de ses amis et de ses chats, elle vécut à Paris XIVème, rue Daguerre. Elle hbaitait une maison rose fuchsia aisément reconnaissable. Elle épouse le cinéaste Jacques Demy en 1962 (qui disparaîtra en 1990). Puis elle élève avec lui Rosalie Varda-Demy, créatrice de costumes puis directrice artistique et Mathieu Demy, comédien et réalisateur.
Les débuts dans la photographie
Au début était donc la photographe dont la vie professionnelle débute auprès de Jean Vilar, encore un sétois, à la création du Festival d’Avignon en 1948. Puis de la troupe du TNP, Théâtre National Populaire. Elle monte sa première exposition personnelle en 1954 dans la cour de sa maison. Puis effectue de nombreux reportages photographiques notamment en Chine, à Cuba, au Portugal et en Allemagne.
L’aventure cinématographique
En 1954, cinq ans avant l’éclosion de la Nouvelle Vague, Agnès crée la société coopérative Ciné Tamaris. Ceci afin de se donner les moyens de réaliser son premier long métrage, La Pointe courte. Suivront 36 films, alternant courts et longs, documentaires et fictions. Parmi les plus connus figurent : Cléo de 5 à 7, Le Bonheur, Sans toit ni loi, Jacquot de Nantes, Jane B. par Agnès V. (Avec la complicité de Jane Birkin), Les Glaneurs et la glaneuse, Les plages d’Agnès ou encore Visages Villages (co-réalisé avec l’artiste JR).
L’ensemble de son œuvre cinématographique est récompensée. Tout d’abord par un César d’honneur en 2001, suivi d’une Palme d’honneur au Festival de Cannes, en 2015. Et plus récemment un Oscar d’honneur reçu en 2017.
La plasticienne et ses installations
Jamais où on l’attend, en 2003, à la Biennale d’Art de Venise, Agnès Varda commence sa vie de « visual artist » (terme anglais qu’elle préfère à celui de plasticienne). Ses installations (Patatutopia, La cheminée patate, Patates cœurs ou encore Ping, Pong, Tong et camping sont exposées lors des Biennales de Venise et de Lyon, à la Fondation Cartier pour l’Art Contemporain et à la Galerie Martine Aboucaya.


L’exposition « Agnès Varda. Je suis curieuse. Point. »
L’exposition du musée Soulages joue sur le lien amical entre Pierre et Colette Soulages et Agnès Varda à Sète en poursuivant leurs échanges via une ode à la curiosité qui associe librement le fonds photographique d’Agnès Varda, notamment autour du tournage de La Pointe Courte (le monde du port, des pêcheurs, de la Méditerranée) aux constructions de cabanes et aux nombreuses évocations de la mer et des plages dans son œuvre plastique : Bord de mer, La petite mer immense, La Cabane du Bonheur, photos inédites de Noirmoutier, son île de prédilection. Autour, un ensemble d’œuvres d’amis, Soulages bien sûr, mais aussi, Calder, Valentine Schlegel, ou Miquel Barceló. Maquettes, objets l’exposition recense plus de cent cinquante items avec, en son cœur, la mer, clef de voûte de la vie et de l’imaginaire d’Agnès Varda.

« Agnès Varda. Je suis curieuse. Point. »
Musée Soulages, Rodez.
Jusqu’au 4 janvier 2026.
https://musee-soulages-rodez.fr