Du 4 avril au 31 août 2025, le Musée d’arts de Nantes présente Electric Op. Une exposition ambitieuse qui retrace les filiations entre art optique et création numérique. Une odyssée visuelle et vibratoire, entre illusions géométriques, calculs algorithmiques et pulsations lumineuses.
Et si « voir » relevait moins de la contemplation passive que d’un dialogue électrique entre l’œil, l’espace, la lumière et la machine ? L’exposition Electric Op, présentée jusqu’au 31 août 2025 au Musée d’arts de Nantes, explore cette question. Elle met en scène un demi-siècle de correspondances entre l’art optique des années 1960 et les formes les plus contemporaines de la création numérique.
Une odyssée sensorielle : de l’art optique à la création numérique
Plus qu’un simple panorama, Electric Op propose une véritable traversée sensorielle et historique. Et ce, à travers plus de 70 œuvres d’artistes visionnaires. Le parcours débute donc avec les pionniers de l’op art : Victor Vasarely, François Morellet, Nicolas Schöffer, Yvaral. En effet, ils ont bouleversé la perceptionà leur époque. En outre, ils introduisirent le mouvement, la lumière artificielle ou l’instabilité visuelle au cœur de l’œuvre. Avec eux, l’art devient expérience, tension visuelle, interaction permanente entre l’objet et le regardeur. L’œil est mis en jeu, sollicité, presque provoqué.
Dès les années 60, certains artistes comme Georg Nees ou Vera Molnar posent les bases d’un art génératif. Ils programment alors les premières œuvres créées avec des ordinateurs. Leurs dessins algorithmiques, d’une rigueur presque scientifique, ouvrent une voie nouvelle : celle de la délégation créative à la machine. Un geste radical, qui interroge encore aujourd’hui notre rapport à l’auteur, au hasard et à la beauté. Chez Jean-Pierre Hébert, la trace mécanique devient ligne sensible, comme si le code épousait enfin une forme de lyrisme graphique.
De l’op art aux arts codés : une continuité visuelle
Mais Electric Op ne se limite pas à l’hommage. L’exposition tisse un dialogue fertile entre les œuvres historiques et les productions les plus audacieuses du présent. Le visiteur découvre ainsi des installations immersives qui jouent avec les flux de données, les codes binaires, la lumière LED ou la vidéo analogique. Chez Ryoji Ikeda, l’espace devient matrice numérique en perpétuelle reconfiguration. Chez Leo Villareal, les pulsations lumineuses évoquent un battement de cœur électronique, transformant les murs en surfaces sensibles.
Des œuvres comme Black/White/Text de Gary Hill ou Video Weavings de Stephen Beck capturent un moment charnière ! Celui où l’image quitte la fixité du tableau pour vibrer à travers les écrans et les signaux. Plus loin, Douglas Coupland, avec son ironique I Miss My Pre-Internet Brain, réactive la mémoire visuelle d’un monde saturé de stimuli numériques. Le numérique, ici, n’est pas une esthétique froide, mais une mémoire vive.
Entre abstraction, technologie et mouvement
Loin de figer les styles ou les époques, Electric Op propose une lecture transversale et sensible de ces pratiques, entre abstraction et technologie. Les artistes sélectionnés partagent un même désir : rendre visible l’invisible, provoquer un vertige optique, chorégraphier les ondes et les formes. Le résultat est souvent hypnotique, parfois déroutant, toujours stimulant. Le regardeur est convié à une danse avec les œuvres, où rien n’est jamais totalement figé ni entièrement prévisible.
Une scénographie en mouvement
Le parcours scénographique, élégant et progressif, guide le regard dans un continuum fluide entre passé et présent. Des œuvres physiques en reliefs géométriques, comme celles de Leroy Lamis ou Karl Gerstner, jusqu’aux créations digitales de Jean-Pierre Hébert ou A. Michael Noll, chaque salle décline un pan de cette histoire commune entre art et électricité, machine et sensation, ordre et chaos. Le musée devient alors un espace où l’art semble littéralement s’activer, se brancher, s’illuminer sous nos yeux.
En conjuguant technologie, esthétique et émotion, Electric Op offre un regard neuf sur la création contemporaine. L’exposition rappelle que derrière les algorithmes, il y a des artistes, des intuitions, des fulgurances. Elle affirme que l’électricité, loin d’être une froide donnée technique, est aussi un fluide poétique qui relie les œuvres, les époques et les esprits. En mettant en lumière ces croisements inattendus, le Musée d’arts de Nantes signe une exposition ambitieuse, sensible et nécessaire, à la croisée des regards et des circuits.



