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Le règne animal à Landerneau, curiosité et fascination

Par Françoise Surcouf | Publié le 13/06/2025

Voici 45 000 ans, les premiers humains commencèrent à marquer des surfaces de leur empreinte. Parmi les motifs récurrents, l’animal, figure essentielle de leur univers.

Tout au long de l’histoire, l’expansion et la culture de la race humaine ont été liées aux ressources fournies par d’autres espèces. À mesure que l’humanité se développait, les animaux devenaient inévitablement les sujets des récits folkloriques et religieux. Les premiers hommes les adoptèrent vite comme symboles, emblèmes, totems ou moyen de répandre histoires, leçons, voire valeurs morales. L’animal sauvage suscite autant l’admiration que d’inquiétude. Il incarne une puissance indomptable, une altérité radicale qui provoque un mélange de crainte et de désir, entre répulsion et attraction.

Depuis l’Égypte antique…

Souvent vénérés comme des divinités, les animaux domestiqués et non domestiqués jouent ainsi un rôle vital dans la culture et l’art de l’Égypte antique. Dans le Livre des Morts, le dieu du soleil, Râ, est représenté comme prenant la forme d’un chat pour tuer le serpent Apep. La divinité à la tête canine Anubis est largement vénérée et présente dans les peintures de temples et de tombes. Dès la période prédynastique, des singes effectuant des activités humaines et portant des laisses sont figurés sur les motifs peints. L’hippopotame apparaît aussi fréquemment dans les tombes égyptiennes. L’image du scarabée a également été incorporée dans les décorations funéraires. Horus, l’une des plus importantes divinités, est souvent représenté sous l’apparence d’un faucon, Seth, son antithèse, sous celle d’un verrat, d’une antilope ou d’un crocodile.

Plus loin, en Afrique, réalisées par le peuple San, les représentations de figures animales et humaines se sont conservées dans le désert du Kalahari pendant plus de 20 000 ans.

Au sein de l’Empire Mongol et dans d’autres pays d’Asie centrale, les pierres cerfs, des monolithes de granit sculpté à l’effigie de cervidés et d’autres espèces animales ont été érigées entre 1000 et 700 av. J.-C…

Des peintures de vase à la décoration de l’architecture et des jardins, l’art grec ancien foisonne de représentations d’animaux. Le dauphin, animal mythique, figure souvent sur les poteries et les pièces de monnaie au point de devenir le symbole même du pays. Tout comme le cheval, véhicule du sport et de la guerre, signe la marque d’un esprit indomptable digne de glorification. En raison de leur rôle central dans la vie quotidienne en tant que gardiens et chasseurs, une grande quantité de sujets canins apparaissant dans l’art romain, notamment dans les mosaïques de Pompéi.

… et dès le Moyen-âge

Rendu populaire au Moyen-âge, le bestiaire ou Livre des Bêtes est une première tentative d’un catalogue zoologique cohérent.
On croyait alors que les animaux, réels et imaginaires, avaient une signification au-delà d’eux-mêmes. Un rôle divin articulé par un dieu chrétien. Par conséquent, les illustrations de ces ouvrages sont souvent associées à des leçons de moralité. A la Renaissance aussi, les animaux apparaissent fréquemment de manière emblématique ou métaphorique. L’iconographie chrétienne réduit ainsi les serpents aux symboles du mal. Tandis que les lézards, eux, correspondent plutôt au rajeunissement. Un supposé pouvoir basé sur la capacité de certaines espèces à voir repousser une queue coupée.

A partir du début du XVIIème siècle, les artistes baroques évitent la sérénité statique de leurs prédécesseurs, choisissant plutôt de rendre des moments de drame visuel. Rosa Bonheur, l’une des artistes féminines les plus célèbres du mouvement Réaliste se fait essentiellement peintre d’animaux domestiqués ou sauvages. Elle visite même régulièrement des abattoirs et dissèque des créatures abattues pour tenter de mieux comprendre l’anatomie animale. L’Art nouveau aussi s’intéresse à la faune. Théophile Steinlen créé notamment les célèbres affiches pour Le Chat Noir, le cabaret Montmartrois. De nos jours, le coyote de Joseph Beuys, les araignées de Louise Bourgeois, les chiens de Jeff Koons ou les cochons de Vim Delvoye témoignent de la fascination toujours renouvelée des artistes pour le vivant. Mais également ses rapports à la violence, à l’homme, à la nature…

L’animal à Landerneau, prédateur et proie

Tout l’été, l’exposition « Animal !? » propose dans le superbe cadre du Fonds Hélène et Edouard Leclerc, à Landerneau, une approche transversale et transhistorique de la place de l’animal dans les représentations artistiques. De Paolo Veronese à Annette Messager, en passant par Henri Matisse, Vassily Kandinsky, Rosa Bonheur, Louise Bourgeois Marina Abramovic ou encore Chaïm Soutine et son extraordinaire Bœuf écorché… Près de 200 œuvres de plus de 130 artistes, invitent ainsi le visiteur à un voyage dans l’histoire de l’art. Un voyage au travers de chefs-d’œuvre, depuis la préhistoire jusqu’à la création contemporaine.

Fonds Hélène et Edouard Leclerc à Landerneau : Animal !?
Du 14 juin jusqu’au 2 novembre 2025.

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