De Dinard à Lyon, de Nice à la Bretagne romantique… Cet été 2025, la France met à l’honneur à travers des expositions des artistes qui questionnent la matière, le geste et notre rapport au monde. Quatre lieux en France, quatre expositions incontournables, où la beauté se vit autant qu’elle se contemple.
Dinard – Olivier Debré, Voyages en abstraction
Villa Les Roches Brunes — 29 juin au 2 novembre 2025
L’exposition investit la villa perchée des Roches Brunes avec une sélection rare de toiles et sculptures d’Olivier Debré, figure de l’abstraction lyrique. Le parcours, à la fois chronologique et thématique, explore les mutations de sa peinture, depuis ses premières œuvres de guerre jusqu’à ses vastes “signes-paysages”. Debré peint la sensation plutôt que le motif. Il se fond dans l’eau, la lumière, le souffle de la nature. Ses grands formats nous absorbent par la densité des couleurs, la souplesse du geste. En point d’orgue, une salle immersive conçue par les Allumeurs d’images plonge le visiteur au cœur des toiles. Un moment suspendu, entre matière et esprit.
Château de La Ballue – Jardin, art et architecture végétale
Bazouges-la-Pérouse — Jusqu’au 11 novembre 2025
Ici, l’art se cultive en plein air. Classé monument historique et “jardin remarquable”, le domaine de La Ballue mêle architecture baroque, histoire et interventions artistiques contemporaines. Sur huit hectares se déploie une scénographie végétale, orchestrée comme une partition. Lignes de fuite, bosquets secrets, temples, labyrinthes et chambres de verdure accueillent sculptures, œuvres en raku ou installations discrètes. Le 22 juin, le festival Extension Sauvage investit les lieux avec performances dansées, projections et visites guidées par la propriétaire, Marie-Françoise Mathiot-Mathon. La Ballue devient scène, écrin et acteur. Un lieu rare, sensible, habité.
Nice – Jeanne Susplugas, All insomniacs please raise your right hand
Galerie Eva Vautier — 7 juin au 27 septembre 2025
La Galerie Eva Vautier frappe fort avec cette première exposition personnelle de Jeanne Susplugas à Nice. L’artiste y déploie un univers dense, critique et séduisant, où les névroses contemporaines deviennent formes plastiques. Son œuvre immersive en réalité virtuelle, I Will Sleep When I’m Dead, propose un voyage mental, entre introspection et vertige existentiel. Mais l’exposition ne se limite pas à l’innovation technologique : dessins, sculptures et installations composent une esthétique aussi élégante qu’inquiétante. Susplugas dissèque l’enfermement domestique, les pensées en boucle, l’invisible qui pèse. Une exposition lucide et singulière, dans la lignée des grandes voix de l’art conceptuel.
Lyon – Marinette Cueco, De l’herbier au monochrome
Galerie Ceysson & Bénétière — 5 juin au 26 juillet 2025
Longtemps discrète, l’œuvre de Marinette Cueco connaît une reconnaissance posthume méritée. À Lyon, la galerie Ceysson & Bénétière expose un corpus de pièces végétales, entre art textile et sculpture minimaliste. L’artiste tresse, noue, assemble des éléments du vivant — graminées, algues, feuilles, graines — pour inventer un langage sans mots, où chaque entrelacs devient geste. Rien d’anecdotique ici : l’œuvre est dense, matérielle, pensée comme une construction mentale. Loin de toute joliesse bucolique, Cueco poursuit une quête formelle d’une grande rigueur. Elle capte l’essence de la nature en lui donnant forme, sans jamais la figer. Une exposition rare, qui invite à ralentir et regarder autrement.
