Photographie

Sebastião Salgado, l’œil du monde

Par Alain Gabriel | Publié le 13/06/2025

Il a sillonné la planète, traversé les territoires blessés et les paysages immaculés, capturé la lumière sur les visages des oubliés comme sur les courbes de la nature. Sebastião Salgado est bien plus qu’un photographe : il est un témoin, un passeur, un poète de l’image. Ses séries mythiques — Workers, Exodes, Genesis — ont marqué l’histoire de la photographie contemporaine, plaçant l’humain, sa dignité et sa fragilité, au centre du cadre.

Mais derrière la légende, il y a un père. Un homme qui, dans l’intimité de son foyer, a vu grandir un autre artiste, son fils Rodrigo. Là où Sebastião saisit le monde à travers l’objectif, Rodrigo le recrée sur la toile, dans un geste solitaire et vital. Leur dialogue est silencieux mais puissant, fait de respect mutuel, d’amour discret et de foi commune en la puissance des images.

Si l’exposition de Rodrigo Salgado à Reims est une révélation, elle est aussi le fruit d’un long compagnonnage familial, tissé par l’attention constante de Sebastião et de Lélia Wanick Salgado. Offrir à Rodrigo un espace d’expression libre, croire sans condition en son regard, c’est sans doute là l’œuvre la plus intime et la plus sensible du grand photographe. Un regard sur le monde, transmis de père en fils, avec infiniment de tendresse et de lumière.