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Musée du Domaine royal de Marly, Maisons de plaisance des environs de Paris, de Louis XIV à Napoléon III – Du 11 avril au 31 août 2025

Par Alain Gabriel | Publié le 12/06/2025

À Marly, le musée du Domaine royal nous convie à un voyage bucolique à travers trois siècles de villégiature aristocratique. Une exposition aussi érudite qu’esthétique, où se déploie tout l’art de vivre des maisons de plaisance d’hier, aux résonances étonnamment actuelles.

Aux portes de la capitale, l’échappée belle des élites du Grand Siècle

Quitter la ville pour mieux la contempler. C’est tout le paradoxe que raconte la nouvelle exposition du Musée du Domaine royal de Marly, intitulée Maisons de plaisance des environs de Paris, de Louis XIV à Napoléon III, présentée du 11 avril au 31 août 2025. À travers un parcours riche en œuvres et en perspectives historiques, elle explore avec finesse l’essor d’un art de vivre en périphérie de la capitale, bien avant l’heure des résidences secondaires.

Si la villégiature nous semble aujourd’hui familière, elle fut d’abord le privilège d’une élite. Dès le XVIIe siècle, la noblesse et les hauts dignitaires de cour cherchent refuge « aux champs ». Autour de Paris, des demeures somptueuses surgissent dans les forêts, vallées et plaines franciliennes. Sceaux, Saint-Germain-en-Laye, Bagatelle, Méréville ou Issy : autant de noms chargés d’histoire, révélateurs d’un désir d’évasion, mais aussi d’affirmation sociale.

Maisons de plaisance des environs de Paris… L’art de vivre aux champs

L’exposition ne se contente pas d’aligner des vues charmantes ou des plans d’architecte. Elle en restitue l’esprit : celui d’un temps suspendu, où les réceptions, les promenades et les plaisirs de la nature composaient un tableau idéalisé du bonheur. Tableaux, estampes, aquarelles, objets d’art et mobilier se conjuguent pour restituer l’élégance raffinée de ces lieux, entre intimité et ostentation. Le parcours met en lumière la diversité des typologies architecturales – villas, pavillons, folies – et souligne combien ces constructions étaient pensées comme des prolongements esthétiques et sensibles de la ville.

Mais derrière les ors et les parterres, ce sont aussi les transformations sociales qui s’esquissent. L’essor de la bourgeoisie au XIXe siècle, les nouvelles aspirations au confort, la place croissante des femmes dans ces lieux à la fois publics et privés : autant d’évolutions que les œuvres exposées permettent de saisir avec acuité. Ainsi, le buste en porcelaine de Madame du Barry, les portraits de princesses et les scènes de collation deviennent les témoins délicats d’un monde en mutation.

Préservation du patrimoine

L’exposition touche enfin à une problématique contemporaine : celle de la préservation de ce patrimoine en lisière de ville. Beaucoup de ces demeures ont disparu, d’autres ont été intégrées au tissu urbain ou peinent à trouver un nouveau souffle. Alors que le Grand Paris redessine les frontières entre nature et métropole, Marly nous rappelle que ces lieux, bien plus que des symboles du passé, peuvent encore nourrir notre imaginaire du futur.

Au fil des salles, c’est aussi une certaine idée du rapport au temps qui s’impose : celui, lent et contemplatif, d’un quotidien rythmé par les saisons, les arts et la nature.

Maisons de Plaisance des environs de Paris de Louis XIV à Napoléon III.
Jusqu’au 31 août. Domaine royal de Marly.

https://musee-domaine-marly.fr/